La métaphysique du I
Le I est initial, d’Isopée il est le premier son
Son point est une étoile, filante, son fil s’élance, le silence a mordu à l’hameçon
Il est la porte de l’inouï, dans le ciel éteint, une étincelle
D’inouï, il en est la terminaison, un ï tréma, une trémie, pour les mots, une passerelle
Le I est un ibis, l’oiseau sacré au bec croissant de lune
Ses i sont des échasses, hampes de notes immergées dans la lagune
Qui font vibrer la surface en faisant résonner les notes-poissons
Poètes et enchanteurs s’y accrochent pour s’accorder au tempo des bas-fonds.
Le I est l’invisible, il est l’inouï de nos yeux
Qu’il illumine lorsqu’il s’illustre d’abord timide en camaïeu
Comme les rêves, sa lumière, a sa porte de corne, la cornée
De notre œil qu’elle pénètre pour atteindre le cristallin et nous combler de sa clarté
Le I est Iris, déesse de l’arc-en-ciel
C’est elle qui colore nos yeux, les accorde à la lumière du soleil
Et pour ne pas nous éblouir, Iris, messagère des Dieux,
Dans nos miroirs, devient marée et nous protège de l’astre radieux
Le I est particule incomprise que l’on assigne à négation
Inerte pourtant il n’est point mais sur le point de, le I est initiation
Un mystère cherchant résolution dans notre boule de cristal
Et de magie, remonte une à une les lettres, devient image et sur nos rétines se dévoile
Le I est imagination, une magie qui s’imagine
Épiphanie de l’âme qui, de nos mots, tisse sa manteline
Des mots comme des pinceaux, poésie, qui dépeignent de rimes nos paysages
Ils défilent sur nos lèvres, comme au-dessus de nos têtes les nuages
Le I est Isis, la première des magiciennes
De la vie, de la mort, elle est l’éternelle reine
Son I est un i vers, vers son O, elle souffle, ainsi naissent les flots
Maîtresse du Semblable, de l’infini, elle recolle, inlassable, les morceaux